Mois : avril 2025

La création née dans le chaos

Après les attentats du 11 septembre, certains artistes ont tenté de redonner du sens à une société fracturée.

Je pense aux imposantes installations d’Anish Kapoor , qui créaient des lieux propices au recueillement.

Cette expression artistique est devenue le moyen de soigner nos blessures.

Les artistes qui émergent actuellement présentent des similarités.

Ils s’affranchissent des conventions qui régissaient l’ère précédente.

Ils s’efforcent d’inventer de nouveaux langages culturels afin de traduire des réalités que les codes antérieurs ne parvenaient plus à exprimer.

Le Surréalisme , émergeant des décombres de la Grande Guerre s’enfonçait dans les profondeurs de notre inconscient pour échapper à toute forme de rationalité.

Salvador Dalí représentait des montres fondantes dans un paysage aride, comme si le temps se désagrégeait.

La crise environnementale inspire également d’autres mouvements artistiques.

Olafur Eliasson évoque l’impact des phénomènes naturels dans toutes ses installations.

Son œuvre Ice Watch , constituée de blocs de glace groenlandais se liquéfie en place publique, de sorte à matérialiser l’abstraction du réchauffement climatique.

Toutes ces œuvres expriment leur rejet face au statu quo.

L’art issu du chaos bouscule.

Il nous force à percevoir le monde différemment.

Il fait voler en éclats les barrières mentales qui nous maintiennent prisonniers de schémas dépassés.

En ces temps troublés, l’art reste notre langage commun le plus puissant.

L’art est un simple loisir

En France, on n’aime pas les créatifs.

Quand un enfant annonce qu’il veut devenir artiste, ses parents lui adressent un regard inquiet.

Ils masquent leur déception derrière un sourire forcé.

L’art n’est pas considéré comme une activité légitime, mais comme un passe-temps.

Dans les écoles, on enseigne les mathématiques, les sciences et l’histoire.

La musique, le chant, le théâtre et les arts plastiques en sont réduits à deux heures par semaine.

Ces disciplines n’ont pas la même valeur que les autres.

Je me souviens de ma prof principale qui méprisait les élèves des filières artistiques.

Tout en haut trônent les médecins, les avocats et les ingénieurs…
Tout en bas, les artistes.

Dans les dîners de famille, on ne demande jamais à l’oncle peintre combien il gagne, mais on félicite le cousin qui vient d’être embauché dans une banque.

Dans la vie professionnelle, les créatifs sont exploités sans vergogne.

On les oblige à travailler « pour la visibilité », « pour l’expérience » ou « pour le portfolio ».

Des euphémismes qui signifient simplement, bosser gratuitement.

Pour les profils créatifs, c’est malheureusement devenu la norme.

On leur rétorque qu’ils ont de la chance de pouvoir vivre de leur passion.

Une phrase perfide, qui sous-entend que le plaisir de créer devrait être équivalent à une rémunération.

Un boulot épanouissant ne mérite pas d’être payé.

La révolution numérique a démocratisé les outils de PAO, permettant à chacun de s’improviser photographe, graphiste ou vidéaste.

Cette accessibilité a dévalorisé les compétences professionnelles.

On peut maintenant entendre : « Mon neveu pourrait faire pareil avec son téléphone ».

Cela réduit un savoir-faire à une manipulation technique.

Les artistes doivent se battre pour continuer d’exister.

Ils sont en concurrence avec des amateurs prêts à travailler pour rien.

Le tout, avec la complicité de plateformes qui proposent des logos pour une poignée d’euros, et des algorithmes qui génèrent des images, des textes et des musiques en masse.

La technologie, censée libérer la création, est devenue son bourreau.

L’intelligence artificielle en est l’exemple.

Rien n’échappe à son appétit vorace.

Les créatifs sont confrontés à un dilemme : utiliser ces outils pour rester compétitifs, au risque de contribuer à leur propre disparition…
Sinon, ils se feront dépasser par ceux qui les adoptent.

Cette dévaluation a des conséquences sur la vie des créateurs qui tombent dans la précarité, l’insécurité financière et l’absence de protection sociale.

Ils enchaînent les contrats courts, les missions ponctuelles et les projets incertains, en priant qu’un accident, une maladie ou une période creuse ne vienne pas tout faire basculer.

Pourtant, ce sont eux qui façonnent le monde dans lequel nous vivons.

Ils conçoivent les espaces où nous habitons et les objets que nous utilisons.

Ils créent les images et les histoires qui nous font rêver.

Sans les profils créatifs, notre environnement serait uniforme, monotone et dépourvu de sens.

Choisir ou décider

Il est l’heure de faire le bilan de mon introspection.

Dans la vie, on peut « faire le choix » ou « décider ».

Des mots similaires, qui tracent des chemins différents.

Choisir revient à endosser le rôle de spectateur.

C’est contempler la vie qui défile.

Nous devenons dépendants du regard des autres et de leur validation.

Cette voie m’a conduit dans l’impasse.

J’ai dû faire une pause de deux ans afin d’explorer mes blessures, en comprendre l’origine, et affronter les traumatismes qui me définissaient.

Une démarche nécessaire pour me libérer du sentiment de honte et de culpabilité.

Durant des années, j’imaginais qu’un changement radical parviendrait à effacer mes problèmes…
Voyager à l’autre bout du monde, travailler dans les médias ou emménager dans la plus grande ville de France.

Le déni m’a fait prisonnier d’un idéal fantasmé.

En réalité, je me conformais à des normes et à des conventions sociales qui ne m’appartenaient pas.

Je recherchais l’approbation des autres à travers mes relations, mon boulot et mes projets personnels.

Durant trente ans, j’ai choisi de me cacher des autres.

J’ai choisi d’enfouir ma souffrance au plus profond de moi.

J’ai choisi des relations à sens unique.

J’ai choisi de sacrifier ma vie privée pour une hypothétique reconnaissance professionnelle.

Chacun de ces choix n’était qu’un moyen d’esquiver la confrontation.

Aujourd’hui, j’ai identifié mes blessures et mes déclencheurs émotionnels.

J’ai appris à les voir sans détourner le regard.

J’ai décidé de me défaire de ce masque social.

J’ai dévoilé ma sensibilité et mon hyperémotivité au reste du monde.

En te partageant mon passé, j’ai accepté et clôturé un chapitre de ma vie, et je décide maintenant, de me tourner vers l’avenir.

La différence entre choisir et décider est fondamentale.

Choisir, c’est demeurer dans l’attente que quelque chose évolue autour de soi.

C’est espérer que les autres viennent combler le vide que tu n’as pas su remplir toi-même.

Décider, c’est opérer des changements radicaux qui bouleversent tes habitudes.

C’est apprendre à te placer en priorité.

Je ne souhaite plus fuir, ni poursuivre quelque chose ou quelqu’un.

Je recherche l’équilibre dans toutes les sphères de ma vie.

Ma coach affirmait que les belles rencontres n’arrivent jamais par hasard.

Cette semaine, j’ai croisé la route d’une personne extraordinaire.

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Et il n’y a jamais de coïncidences.

Les autres et moi

La première fois que j’ai entendu l’expression « les autres ne sont pas assez intelligents », elle provenait de ma bouche.

Mes parents me racontent qu’en classe de maternelle, je leur aurais confié que je ne voulais pas jouer avec les autres enfants… car ils n’étaient que des bébés.

Bien plus tard, engoncé dans le canapé de ma psychologue, j’ai reformulé cette pensée en avouant que « je trouvais la plupart des gens médiocres ».

Cette phrase paraît hautaine dite ainsi.

Mais elle cache une réalité plus complexe.

Laisse-moi te raconter ce moment clé, où tout a basculé.

C’était au cours d’une séance de mon groupe de parole consacré au HPI.

Lorsque l’un des participants a prononcé : « la plupart des gens m’ennuient »…

Je me suis tout de suite reconnu.

Une frustration immense, quand on me demande de répéter les choses.

Une exaspération viscérale lorsqu’un concept, qui s’avère pour moi évident, nécessite des explications approfondies pour les autres.

J’ai toujours été en décalage.

Pourquoi les gens ne perçoivent-ils pas ce qui me saute aux yeux ?

Mon cerveau fonctionne à la vitesse d’une super machine à penser.

Je dévore les sujets qui m’intéressent avec voracité.

Actuellement, c’est l’Histoire de l’Art qui me captive.

Je parcours les 800 pages d’Ernst Gombrich, comme d’autres engloutiraient une série Netflix.

Mais le revers de la médaille, c’est que mon intérêt s’évapore aussi vite qu’il est apparu.

Mon troisième livre en est l’illustration parfaite.

Je me suis lancé le défi de l’écrire, le publier et le relier en sept jours.

Ce n’était pas un défi lancé à la légère.

J’avais la certitude d’en être capable.

Cela me rappelle ma coach qui avait rédigé son septième ouvrage en cinq jours.

Lors d’une séance de dédicace, elle m’avait confié ceci : « Je me connais parfaitement. J’ai tout le plan et les idées dans ma tête. Mon cerveau carbure à mille à l’heure, et je sais que je suis capable de délivrer ».

Sa phrase est devenue mon mantra.

Vu de l’extérieur, ça peut sembler facile.

Les personnes qui me côtoient pensent que je suis méthodique, organisé et discipliné.

Ils admirent les résultats, mais ne se doutent pas du chaos qui les précède.

Ceux qui me connaissent vraiment savent que le minuteur et les listes de rappels ont longtemps été mes indispensables.

La moindre tâche représente un gouffre de souffrance.

Je dois la décomposer en sous-étapes, puis subdiviser ces sous-étapes en actions encore plus petites.

Mes relations sociales suivent un schéma identique.

Quand je rencontre quelqu’un qui éveille mon intérêt, je veux tout savoir de cette personne.

Je questionne, j’analyse, j’approfondis les sujets les plus intimes.

Ensuite vient l’étape de classification.

Chaque individu est catégorisé dans une section précise de mon cerveau…

Et lorsque mon stimulus intellectuel se manifeste sur un sujet spécifique, je la recontacte, avant de m’éclipser tout aussi rapidement.

On pourrait me juger inconstant ou superficiel…

Mais ce n’est pas le cas.

Dans l’environnement professionnel, la situation se complique davantage.

La moindre contrariété peut déclencher une tempête émotionnelle.

Toute remarque ou critique peut se traduire par une crise de larmes incontrôlable, ou par un déferlement de violence verbale, parfois même physique.

Un paradoxe douloureux.

D’une part, les autres ne suscitent pas mon intérêt…

D’autre part, je ne comprends pas pourquoi je ne suis pas capable de m’adapter comme eux.

La vie paraît si fluide… pour les autres.

Ils avancent sur un chemin balisé, tandis que je me débats dans ce labyrinthe aux parois invisibles.

Il m’arrive encore de m’isoler pour retrouver ma stabilité.

C’est avec le temps, et grâce aux témoignages d’autres personnes HPI, que j’ai réussi à décrypter mon propre fonctionnement.

Ni meilleur, ni pire : juste différent.

J’ai assimilé des techniques pour gérer ce flux de pensées et d’émotions.

La visualisation pleine conscience, la méditation et les exercices de respiration sont autant d’outils qui m’aident à prévenir une crise, ou à l’apaiser lorsqu’elle survient.

J’ai appris à identifier les signes précurseurs et à canaliser ce torrent émotionnel, avant qu’il ne déborde.

Le fait d’apposer un terme a été libérateur.

Toutefois, on ne définit pas un individu avec une étiquette.

Le HPI n’explique pas tout.

Il n’excuse pas tout non plus.

Le véritable travail d’introspection ne se limite pas à faire remonter les blessures de l’enfance.

Il passe aussi par l’apprentissage de son propre mode de fonctionnement.

Le HPI réfléchit trop, pense trop, ressent trop.

Il prend ses émotions à lui, mais surtout celles des autres, de manière amplifiée.

Imagine vivre avec le volume sonore et la luminosité au maximum, sans pouvoir en atténuer l’intensité.

Pendant de longues années, je me suis abrité derrière le masque d’une personne imbu d’elle-même.

Une façade pour me protéger d’un monde trop bruyant, trop rapide, trop intense.

L’enfant qui souriait sur la photo

Je vais te parler de la douleur que je porte depuis le premier jour.

Une cicatrice invisible aux yeux des autres.

Je suis né au Vietnam, et j’ai été adopté à la naissance.

Pour beaucoup, cela représente une chance.

Pourtant, au fond de moi, cette sensation d’abandon n’a jamais disparu.

Elle se diffuse comme un poison lent qui contamine chacune des relations que je tente de construire.

Les albums de famille me renvoient à un malaise intense.

Je n’y vois pas un enfant heureux comme les autres peuvent le percevoir.

Je perçois un petit garçon arraché à sa terre natale, à ses racines et à son histoire.

Un bébé qui sourit sur la photo, mais qui porte déjà en lui, cette peur viscérale d’être à nouveau abandonné.

Je n’ai jamais pu dire « mes parents » sans apporter cette précision : « adoptifs ».

Cet adjectif apparemment anodin creuse un fossé entre mon histoire et celle des autres.

Je ne parle pas la langue de mes ancêtres.

Je ne connais pas les coutumes de mon pays d’origine.

J’ai grandi entre deux mondes, n’appartenant complètement à aucun.

Là où certains y voient un acte d’amour et de générosité, je ressens un arrachement profond.

Ce n’est pas un reproche fait envers mes parents adoptifs qui m’ont donné tout leur amour.

Les mots sont durs, je le sais.

Ils peuvent sembler injustes pour ceux qui ont fait de leur mieux…

Mais ils reflètent une réalité que beaucoup d’enfants vivent en silence.

Une blessure originelle qui s’est manifestée dans toutes les sphères de ma vie.

Dans mes relations amoureuses, où j’étais prêt à tout pour ne pas être quitté.

Je me pliais en quatre pour satisfaire les désirs de l’autre.

J’acceptais l’inacceptable par peur de revivre cet abandon.

Mon corps avait oublié, mon cerveau se souvenait.

Dans le milieu professionnel, je cherchais constamment l’approbation.

Je travaillais plus que les autres en ne comptant pas mes heures.

Je voulais être irréprochable pour que l’on ne puisse pas me rejeter.

Dans mes amitiés, j’étais celui qui donnait sans compter.

Le pote qui était toujours disponible, même quand l’épuisement guettait.

Ma prise de conscience est venue d’une scène de film qui m’a bouleversé.

Harry Potter, déposé comme un colis, sur le pas de la porte de sa famille adoptive.

Cette image m’a transpercé comme une flèche.

Des années plus tard, mon père m’a révélé que j’avais assisté à une scène à l’orphelinat, où un parent était venu déposer son enfant comme on abandonne son animal à la S.P.A.

Sans se retourner, sans laisser de trace.

Un soir du 12 avril 2023, j’ai reçu un SMS qui a réveillé ce traumatisme avec une violence inouïe.

Mon corps a réagi comme si ma vie était menacée.

S’en est suivi deux années de reconstruction thérapeutique.

Les diverses lectures m’ont permis de comprendre les mécanismes de survie que j’avais mis en place.

Les séances de méditation ont reconnecté mon corps avec ses émotions.

Les visualisations ont conscientisé mes blessures.

Ce n’est pas la psychologie qui m’a aidé.

Les groupes de parole ont été mon premier soutien.

Ils m’ont donné l’occasion d’entendre d’autres personnes mettre des mots sur ce que je ressentais et de réaliser que je n’étais pas seul à porter ce fardeau.

La dépendance affective a longtemps été mon addiction.

Une drogue si puissante qu’elle me poussait à rechercher l’approbation des autres en permanence, quitte à sacrifier mon bien-être pour maintenir des relations toxiques.

La méditation m’a donné la capacité d’observer mes pensées, sans me laisser submerger par elles.

Il m’a fallu apprendre à rester ancré dans le présent, plutôt que de chercher à revivre sans cesse cet événement traumatique.

Pour cela, j’ai appris à distinguer les déclencheurs de ces réactions disproportionnées.

La pleine conscience est alors devenue mon outil quotidien.

À présent, je n’ai plus eu à refouler ce passé douloureux…

Au contraire, je l’ai accepté comme faisant partie intégrante de mon histoire.

Je ne remets pas en question la légitimité de l’adoption, car elle reste une solution précieuse pour de nombreux enfants dans le monde.

Mon parcours unique est pourtant universel.

La blessure d’abandon peut parler à beaucoup de personnes, adoptées ou non.

Elle peut prendre différentes formes.

Une forme physique, comme dans mon cas.

Une forme émotionnelle, dans des familles où l’expression des sentiments était taboue.

Elle peut avoir des conséquences psychologiques, lorsque les besoins de l’enfant ont été ignorés.

Quelle que soit sa forme, la blessure d’abandon change notre façon d’être au monde.

Elle influence nos choix, nos relations et notre rapport à nous-mêmes.

La reconnaître est un premier pas vers la guérison.

Demain, je jetterai à nouveau un coup d’œil à ces photos.

Certes, j’y verrai toujours un enfant déraciné…

Mais aussi un petit être en devenir.

Il m’aura fallu trente ans pour admettre que ça n’était pas une malédiction.

Cette blessure est devenue le berceau de ma sensibilité exacerbée et de mon hyperempathie.

Elle est aujourd’hui, la source de ma quête d’authenticité qui guidera mes futures relations.

Parcours d’une guérison autodidacte

La première fois que j’ai franchi les portes d’un cabinet, je pensais que ce serait l’histoire de quelques semaines.

J’imaginais qu’on allait m’administrer une solution pour apaiser ce mal qui me rongeait depuis des années.

Hélas, l’image négative que j’avais des psychologues s’est confirmée.

Une fois enfoncé dans ce canapé difforme au confort discutable, les mots de la thérapeute n’ont pas été une question, mais un jugement.

Elle m’a invité à me présenter et clarifier mes attentes.

Il n’est pas évident de se dévoiler devant une inconnue.

Particulièrement lorsque l’hyper-contrôle régit ma vie depuis trente ans.

Malgré tout, j’ai surmonté mes blocages pour parvenir à me confier en toute sincérité…

Un concept qui, dans mon esprit, a toujours été associé à de la vulnérabilité.

En concluant la séance, elle a prononcé : « J’ai l’impression que vous ne vous connaissez pas ».

Nombreux sont ceux qui espèrent que le psy parviendra à leur offrir les solutions à leurs problèmes.

Or, cette croyance est erronée.

Consulter un psychologue s’apparente à visiter un médecin généraliste…

On peut y aller pour les petits bobos du quotidien, mais pas pour les blessures qui touchent le plus profond de notre âme.

Certains thérapeutes peuvent faire plus de mal que de bien, voire retarder la guérison.

Si une douleur persiste au genou, on ne se limite pas à l’avis du généraliste, mais on consulte un orthopédiste et un kinésithérapeute spécialisé dans les articulations.

À aucun moment, ma psychologue n’est parvenue à me donner les clés dont j’avais besoin.

Je me suis alors dirigé vers des médecins spécialistes, des ouvrages spécifiques, des études scientifiques et des groupes de parole.

Je me souviens d’un exercice qu’elle m’avait donné : participer à une soirée où je ne connaissais personne afin d’aborder le plus de gens possible.

Elle espérait ainsi briser la carapace que j’avais érigée autour de moi, soupçonnant une timidité extrême qu’il fallait combattre.

Mais ce qu’elle n’avait pas saisi, c’est que ma vie n’a été qu’une succession d’armures, de masques enfilés, et de stratégies d’adaptation utilisées selon l’interlocuteur.

Ma fragilité demeurait cachée sous l’épaisse couche d’une personnalité tantôt réservée face à elle, tantôt supérieure face à d’autres.

Depuis ma plus tendre enfance, je reste silencieux, mais j’observe attentivement.

La majorité de mes bulletins scolaires comportait la mention : « élève sérieux mais discret ».

Je me rappelle ces années passées à scruter les autres.

À la récréation, j’étudiais chaque réaction, ou la moindre interaction de mes camarades.

Je prenais plaisir à identifier les personnalités vulnérables et les tempéraments dominants, pour ajuster mon discours et ma posture face à eux.

J’ai toujours eu cette faculté, en un instant, par un simple regard, une poignée de main, une intonation vocale, à déceler la véritable nature de la personne qui me faisait face.

Ma psychologue avait affirmé que je craignais les conflits.

Bien au contraire, je m’emploie à les provoquer…

Car c’est précisément dans ces moments que la plupart des individus perdent leur lucidité, et que je peux me retrancher dans ma grotte afin de les étudier.

Ma vie s’est longtemps résumée à observer le monde, et à tout faire pour que personne ne puisse jamais pénétrer le mien.

Finalement, j’ai choisi de quitter définitivement le cabinet, déterminé à trouver les réponses par moi-même.

Pourquoi éprouvais-je ce besoin impérieux de maîtriser mon discours, de fusionner avec l’autre ou au contraire, de le tenir à distance ?

Pourquoi ressentais-je depuis petit, cette colère si profonde ?

Les réponses ne viennent pas forcément de là où on les attend.

Dans un monde où l’on nous pousse à externaliser nos problèmes et à trouver des solutions clés en main, il y a une puissance à réaliser que certaines solutions proviennent de l’intérieur.

C’est lorsque nous cessons cette quête frénétique, que nous commençons à entendre cette petite voix qui murmure en nous depuis l’origine.

Souvent, nous connaissons déjà une partie de l’énigme…

Mais celle-ci ne peut s’entendre que dans le silence absolu.

Ce voyage introspectif ne se fait pas en quelques séances sur un canapé, mais toute une vie.

La véritable transformation n’est pas entre les mains du thérapeute, mais dans notre aptitude à nous approprier le récit, à l’examiner avec recul, et à déterminer consciemment qui nous voulons devenir.

Personne d’autre que moi ne peut vivre ma vie, ressentir mes émotions, ou donner un sens à mon existence.

C’est notre capacité à rester debout face à l’adversité, non pas parce que nous ne trébuchons jamais, mais parce que nous avons appris à nous relever.

Briser les cycles répétitifs

Pendant des années, j’ai couru après ce que l’on attendait de moi.

Mes relations amoureuses, mes amitiés, ma carrière.

Tout devait s’aligner parfaitement.

Cependant, la vie a déjoué mes attentes.

Dans les prochains jours, mes e-mails exploreront ce que deux années de thérapie m’ont appris.

La société nous vend un scénario tout préparé.

À trente ans, je devrais avoir trouvé un travail stable, emménagé avec une partenaire, avoir fait mon premier enfant.

Roméo et Juliette, archétype de l’amour passionnel, érige la souffrance en vertu.

Une tragédie qui imprime dans nos esprits que souffrir par amour est non seulement normal, mais nécessaire.

Il y a deux ans, je me suis retrouvé dans un groupe de parole pour personnes ayant vécu des relations toxiques.

Ce qui m’a frappé, c’était la tranche d’âge.

Quarante, cinquante, soixante ans…

Des vies entières passées à répéter les mêmes schémas, des décennies perdues dans des relations où l’amour se confondait avec la dépendance.

Des personnes différentes aux histoires similaires.

Elles avaient suivi le modèle de la relation longue mais insatisfaisante.

Du bébé au chantage au suicide, utilisés comme des moyens désespérés pour sauver un couple à l’agonie ; des adultes en insécurité émotionnelle, cherchant coûte que coûte à combler via leur partenaire, les carences affectives de leur enfance…

Au milieu de ces récits bouleversants, ma présence détonnait.

À vingt-huit ans, j’étais parmi les plus jeunes.

La société créé une pression invisible et constante.

Une sensation d’anormalité qui s’installe quand, à trente ans, on n’a pas encore trouvé quelqu’un.

Les relations que nous poursuivons révèlent plus souvent nos blessures que nos désirs.

J’ai compris à travers ces deux années, que je ne cherchais pas tant une partenaire idéale, qu’une façon de guérir des plaies dont j’ignorais l’existence.

L’impression de « n’être jamais assez » résultait de mon besoin de validation.

Nous confondons amour et attachement.

L’un nourrit, l’autre affame.

Nous mélangeons lien et relation.

L’un connecte, l’autre enchaîne.

Nous prenons le sentiment pour de la dépendance.

L’un élève, l’autre étouffe.

Les papillons dans le ventre ne sont que les symptômes d’une anxiété profonde…

Un signal d’alarme que notre corps nous envoie, et que nous interprétons comme le signe d’une passion dévorante.

On se persuade que la personne est la bonne, simplement parce qu’elle nous a choisis.

Cette approbation externe devient plus importante que notre propre discernement.

Je me suis longtemps accroché à des relations vouées à l’échec.

En confondant intensité et connexion authentique.

J’ai cru que quelqu’un d’autre me permettrait d’oublier le vide que je portais en moi.

Je nourrissais secrètement l’espoir de trouver une partenaire qui me validerait socialement pour me faire entrer dans la norme.

Quelle erreur monumentale !

Dans ces ateliers, j’y ai côtoyé des personnes qui ont passé des décennies à construire sur du sable.

Nombre d’entre elles ont tenté de bâtir une relation sur des fondations instables.

Aujourd’hui, elles doivent réapprendre ce qu’elles auraient dû savoir, avant même de s’engager.

La thérapie m’a offert cette chance inestimable de déconstruire, avant de reconstruire.

Comprendre mes besoins, au lieu de chercher à les satisfaire auprès de quelqu’un d’autre.

Identifier mes limites avant qu’elles ne soient franchies.

Reconnaître mes déclencheurs émotionnels pour ne pas qu’ils me gouvernent.

Non, les relations toxiques ne sont pas des passages obligés.

La souffrance n’est pas le prix à payer pour mériter le bonheur.

Ces mensonges sont ancrés dans notre culture et nous maintiennent dans des cycles destructeurs.

Nous reproduisons ce que nous avons vu, ce que nous avons vécu, et ce que nous connaissons.

La renaissance commence par répondre à trois questions :

Quels sont mes besoins authentiques ?

Quelles sont mes limites non négociables ?

Quelles sont mes valeurs fondamentales ?

Ces interrogations, je me les pose chaque matin depuis deux ans.

Il faut regarder en face ses blessures.

Puis, il faut accepter sa part de responsabilité dans l’entretien et les répétitions de nos relations chaotiques.

À trente ans, je me tiens à la croisée des chemins.

Derrière moi, les échecs répétés pour tenter de correspondre à un modèle qui n’était pas le mien…

Devant moi, l’opportunité de créer ma définition du bonheur, de l’amour et de la réussite.

À présent, je découvre la joie de me choisir jour après jour, dans l’objectif de construire une relation saine avec la personne avec qui je passerai le restant de mes jours, moi.

Ma plus grande révélation durant ces deux ans de thérapie ?

On ne recherche pas un partenaire idéal…

On cherche à guérir des blessures que l’on n’a pas conscientisées.

Nous tentons de rejouer des scènes de notre enfance, en espérant y trouver un dénouement différent.

Nos attractions, nos répulsions, nos patterns relationnels sont liés à notre histoire personnelle.

Personne ne viendra te sauver.

Aucune relation ne pourra remplir ton vide intérieur.

C’est un travail personnel difficile, exigeant, long et douloureux.

Mais au final, il s’avère être libérateur.

Cette semaine, je te partagerai les enseignements de ma thérapie.

Je te parlerai de ces moments et de ces déclics où tout s’est éclairé.

J’aborderai les outils qui m’ont permis de briser les mécanismes d’auto-sabotage.

Si une seule personne de mon audience y trouve une résonance, si un seul de mes e-mails allume une étincelle de compréhension chez l’un ou l’une d’entre vous, alors mon témoignage aura eu un sens.

Au fond, nous recherchons tous la même chose.

Ce n’est pas tant l’amour parfait ou la personne d’une vie…

Mais la capacité à être pleinement soi-même : sans masque, ni armure.

Je commence à entrevoir cette possibilité.

Et c’est assurément, le plus beau cadeau que cette nouvelle décennie pouvait m’offrir.

L’écriture comme remède

Les e-mails ont manqué ces derniers jours.

Et pour cause : je finalisais la sortie de mon troisième livre intitulé « Confidences d’un noctambule : Quand la ville dort, les pensées s’éveillent ». 

Un projet qui m’a pris un temps conséquent du fait de l’adaptation de mes articles à un style plus littéraire.

L’écriture n’est pas qu’une simple habitude pour moi…

Elle est devenue une nécessité vitale.

Chaque soir à 22 heures, tu reçois un fragment de mes pensées et des bribes de réflexions décousues.

Cette démarche m’a permis de mesurer ma progression et de voir le chemin parcouru. 

Écrire tous les jours permet de me confronter à mes propres contradictions, d’exprimer mes doutes et de révéler certaines fragilités.

Sans elle, je serais probablement resté en surface, effleurant à peine la complexité du monde. 

J’ai appris à explorer les méandres de ma vie. 

À questionner chaque expérience, chaque rencontre et chaque lecture. 

Nous avons tous quelque chose à dire.

Le livre reste le support le plus adapté pour témoigner et laisser une trace tangible de son passage sur terre. 

Un e-mail peut disparaître d’un simple clic, une story s’évapore au bout de 24 heures, un tweet se noie dans le flux des réseaux sociaux… 

Un livre lui, résiste au temps et traverse les décennies.

Cet objet que l’on feuillette les soirs d’insomnie ou que l’on prête à un ami en lui disant : « Tu verras, ça va te parler ».

Il est le support le plus personnel qui soit, car il porte en lui les cicatrices de son auteur. 

Mes failles, mes réussites, mes échecs, mes espoirs et mes désillusions.

L’e-mail, quant à lui, est le format le plus intime pour partager sa vision. 

Il s’invite directement dans la boîte de réception de mes abonnés pour établir un lien entre deux êtres qui ne se sont jamais rencontrés. 

Pourtant, certains me disent qu’un e-mail par jour, c’est trop. 

En réalité, les gens n’ont ni l’énergie, ni l’envie. 

Ma newsletter est avant tout singulière par son aspect ordinaire.

Elle ne prétend pas vouloir révolutionner le monde… 

Elle ne surfe pas sur les tendances du moment. 

Elle est simplement le témoignage d’un mec de 30 ans qui, au lieu de garder ses pensées bien enfouies et son monde intérieur jalousement protégé, a fait le choix de te le partager.

Retrouver son identité

Le miroir social reflète ton image.

Foncièrement, ce n’est pas toi qu’il renvoie, mais une projection façonnée par les autres.

Dans cette pièce de théâtre que l’on appelle « La vie », tu joues le rôle qu’on t’a attribué.

Gamin, les adultes te disaient : « Ne te préoccupe pas du regard des gens »…

Comme s’il suffisait d’appuyer sur un simple bouton.

Nous sommes programmés pour rechercher l’approbation sociale.

Notre cerveau a développé des mécanismes inconscients pour appartenir à un groupe car le rejet représentait jadis, une menace mortelle.

Aujourd’hui, ce biais s’active à chaque nouvelle notification, à chaque pouce levé, à chaque commentaire.

Des remarques anodines deviennent ton carburant.

Et quand elles manquent, le doute s’installe.

Cependant, le regard des autres peut aussi éclairer ton chemin.

Un ami te signale une relation toxique.

Un mentor révèle ton potentiel inexploité.

Une critique montre les failles de ton raisonnement.

Ces miroirs honnêtes sont précieux car ils permettent d’ajuster ta trajectoire et de grandir.

Mais à la longue, cette lumière peut devenir aveuglante.

Lorsque tu ne vis plus qu’à travers le jugement des autres, tu finis par t’effacer.

Tu peux choisir une carrière prestigieuse au lieu de suivre ta passion.

Tu préfères adopter des opinions consensuelles au lieu de défendre tes convictions.

En te conformant à la société, tu deviens étranger à toi-même.

J’ai connu cette situation.

Pendant des années, j’ai mesuré ma valeur au nombre de vues et d’abonnés.

Un article devenait un baromètre au détriment d’une expression authentique.

Combien de fois as-tu modifié ton comportement pour correspondre aux attentes de la personne en face de toi ?

Tous les avis ne se valent pas.

Celui de ton mentor, qui connaît ton parcours, compte plus que celui d’un inconnu en ligne.

Certaines voix méritent ton attention, et d’autres ton indifférence.

La sélection crée un cercle de confiance où la critique devient constructive.

Il est temps de développer ta boussole interne.

Écoute cette intuition qui naît dans ces moments de solitude et d’introspection.

À l’instant où tu te reconnectes à tes valeurs, tu te libères de ce besoin de validation.

Je t’annonce la sortie de mon prochain livre

Tu fais peut-être partie des pionniers de ce format lancé en mai 2023, qui s’appelait :« Le Journal des créateurs™ ».

Depuis, ce projet a connu des hauts et des bas : abandonné puis relancé plusieurs fois.

En y regardant de plus près, j’ai déjà diffusé plus de 150 contenus.

Noctambule (https://noctambule.club/) n’est pas ma première incursion dans l’univers de l’écriture.

En juin 2016, je créais Edito. (https://lnk.bio/editoblog) , un billet politique diffusé chaque matin auprès d’une autre liste de lecteurs.

Au total, plus de 700 billets ont vu le jour.

Ce travail a abouti à la publication d’un livre de 250 pages intitulé : LA FORCE DES HABITUDES : Écrire un article par jour durant 3 ans (https://www.amazon.fr/FORCE-HABITUDES-%C3%89crire-jour-durant/dp/B092P78RVQ/ref=sr_1_8?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid;=16CHFHJNJ3LBF&dib;=eyJ2IjoiMSJ9.YFfnbWAzVGZVDtSeN9bRIasOTU5iDx7YGzY1VdDLncldWq7W6H3zcbNWc9QfFUFpFuphYAp9mHwemYw-ESjSGWDm62cZAG5VCYVsH-S6obhfk4DjL1IOkYHA3SVJd6x_MkkODHG6kGNFLrQhWWL90h7GH-zEPapD7t2b-ZZx9qYWv2M4NW3MUOVmmOtLABA8lW2sBC470WhaduY5aOfNvenPD5mpFf-_Qye04obLVy9fixh8PnmN6w08YzdyqyW85UyzTVRPisuv_JOkFYRjDg.-bkSY25v4hSl9JB1ZmpTI2bagmEdDawf9j9XAgmuMCQ&dib;_tag=se&keywords;=jason+vall%C3%A9e&qid;=1743793942&sprefix;=jason+vall%C3%A9e%2Caps%2C164&sr;=8-8) et rassemblait l’essentiel de mes articles.

Il s’est étendu en podcast audio avec plus de 500 épisodes et près de 400 vidéos sur YouTube.

Par la suite, mes écrits ont été adaptés en chronique politique diffusée sur la webradio Muse et Art (https://museetart.fr/) .

L’écriture a toujours été un mode d’expression privilégié pour diffuser mes idées.

C’est avec ce format que tu m’as accompagné.

Je souhaite te proposer un livre broché regroupant le meilleur de mes articles.

Le texte sera entièrement retravaillé.

Le défi est de sélectionner les meilleurs contenus, les adapter, les structurer, rédiger ma biographie, le sommaire, gérer la pagination, la quatrième de couverture et l’illustration graphique, le tout en moins d’une semaine.

La parution est prévue le jour de mon anniversaire, samedi 12 avril 2025.

Mon plus beau cadeau sera pour les abonnés désireux de tenir le fruit de mon travail entre leurs mains.

Une occasion de prouver qu’il est possible de réaliser des projets ambitieux dans un délai très court.

Le parcours d’un écrivain s’apparente à celui d’un marathonien.

Chaque jour, il faut avancer pas à pas.

C’est ce que j’ai fait, un mot après l’autre, un message après l’autre.

Dans un monde où l’attention est précieuse, choisir de lire une newsletter quotidienne est presque un engagement.

Ta fidélité me touche sincèrement.

Elle m’incite à donner le meilleur de moi-même.

Mon livre imprimera la trace de ce moment particulier…

Il sera le reflet de mon évolution depuis un an.

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Jason Vallée

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